Les opportunités de financement à impact en Afrique

L’Afrique offre de nombreuses opportunités pour le financement à impact, en raison de la nécessité de répondre aux défis économiques, sociaux et environnementaux auxquels la région est confrontée. Le continent riche en ressources naturelles, ce qui présente de nombreuses opportunités pour les investissements à impact. Les investissements peuvent être axés sur la gestion durable des ressources naturelles, la protection de la biodiversité, l’agriculture durable, les énergies renouvelables et la gestion de l’eau. 

Les PME sont un moteur important de la croissance économique en Afrique, représentant plus de 80 % de la main-d’œuvre du secteur privé. Le financement à impact peut aider ces PME à croître et à avoir un impact positif sur les communautés locales en créant des emplois et en stimulant l’innovation. 

Ci-dessous sont listées quelques-unes des principales opportunités de financement à impact en Afrique :

1. L’agriculture : L’agriculture est un secteur clé de l’économie africaine, employant la majorité de la population rurale du continent. Le financement à impact peut aider à stimuler la croissance agricole en investissant dans des entreprises qui améliorent l’accès aux marchés, aux technologies et aux financements pour les agriculteurs. Les investissements peuvent également être dirigés vers des projets visant à augmenter la productivité et la qualité des cultures, ainsi qu’à améliorer la résilience face aux changements climatiques.

2. Les énergies renouvelables : L’accès à l’électricité est limité dans de nombreuses régions d’Afrique, en particulier dans les zones rurales. Les énergies renouvelables, telles que l’énergie solaire et l’énergie éolienne, peuvent aider à résoudre ce problème en fournissant une source d’énergie propre, fiable et peu coûteuse. Les investissements dans les énergies renouvelables peuvent aider à développer des infrastructures énergétiques durables et à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

3. Les services financiers inclusifs : Les services financiers inclusifs, tels que les microcrédits, les comptes d’épargne et les assurances, peuvent aider à réduire la pauvreté en donnant aux personnes à faible revenu l’accès aux services financiers de base. Les investissements dans les services financiers inclusifs peuvent aider à développer l’inclusion financière et à promouvoir l’entrepreneuriat en Afrique.

4. Les infrastructures : Les infrastructures, telles que les routes, les ponts, les ports et les aéroports, sont essentielles au développement économique de l’Afrique. Les investissements dans les infrastructures peuvent aider à améliorer la connectivité, la logistique et le commerce entre les pays africains. Les investissements peuvent également être dirigés vers des projets d’eau et d’assainissement, qui améliorent l’accès à des sources d’eau potable et à des installations sanitaires de qualité.

5. La santé et l’éducation : La santé et l’éducation sont des secteurs clés pour le développement humain en Afrique. Les investissements à impact peuvent aider à améliorer l’accès aux soins de santé et à l’éducation de qualité, en particulier dans les zones rurales et les zones péri-urbaines.

6. Les femmes et les jeunes sont souvent sous-représentés dans les secteurs économiques en Afrique. Le financement à impact peut aider à combler cette lacune en investissant dans des entreprises et des projets qui favorisent l’entrepreneuriat féminin et la formation professionnelle des jeunes.

Les investissements à impact en Afrique peuvent offrir des rendements financiers attractifs. Selon un rapport de l’Institut de la finance internationale, les investissements à impact en Afrique peuvent offrir des rendements supérieurs à ceux des investissements traditionnels, avec des rendements moyens annuels de 9 % à 12 %. En résumé, les opportunités de financement à impact en Afrique sont nombreuses et variées, allant de l’investissement dans les ressources naturelles et les infrastructures à l’investissement dans les PME, la santé et l’éducation. Les investissements à impact en Afrique offrent également une opportunité de diversification de portefeuille pour les investisseurs, tout en ayant un impact positif sur les communautés locales et en contribuant au développement économique et social de l’Afrique. 

Chez MicroFinance Solidaire et pour l’ensemble de l’écosystème d’Entrepreneurs du monde, investir dans le développement humain est le vecteur moteur de nos décisions d’investissement et d’accompagnement. Avec plus de 30 partenaires dans le monde dont une quinzaine en Afrique ; le continent représente une zone d’action prioritaire et opportune pour notre développement. Pour ce faire, à partir des ODD établis par les nations unies, nous avons définis des champs d’actions prioritaires (en se basant sur nos expertises terrain et métiers) pour se concentrer sur les populations en grandes précarités. Ainsi, en 2021, c’est 350 000 familles qui sont soutenues indirectement par MFS via nos partenaires locaux. Selon les ODD suivants :

C’est naturellement que nos objectifs de développement 2023-2026 s’orientent vers les partenaires dans le secteur de la Microfinance Sociale, le structures facilitant l’Accès à l’énergie ainsi que les organisations faisant la promotion d’une Agriculture durable. Pour en savoir plus, rendez-vous sur la page dédiée à notre appel à candidature ICI.

  1. Les défis du financement à impact en Afrique

Le manque d’informations et de données fiables sur les entreprises et les projets à impact social ou environnemental est l’un des principaux défis auxquels sont confrontés les investisseurs à impact en Afrique. Les investisseurs ont besoin de données pour évaluer les projets et leur potentiel d’impact.

Le risque est également un défi important pour les investisseurs à impact en Afrique. Les investissements à impact en Afrique sont souvent considérés comme plus risqués que les investissements traditionnels, en raison de l’instabilité politique, de la faiblesse des infrastructures et de la vulnérabilité aux chocs économiques.

Le manque de liquidité est un autre défi important pour les investisseurs à impact en Afrique. Les investissements à impact en Afrique peuvent nécessiter des périodes d’investissement plus longues et peuvent ne pas être aussi liquides que les investissements traditionnels.

Retour d’expérience Finance en Commun 

Un des principaux défis lorsqu’il s’agit d’investir dans l’impact humain et environnemental en Afrique reste l’opacité des informations et le manque de connaissance du secteur et des acteurs entre eux. En effet, tout au long du sommet, les échanges que l’on a eus durant les sessions de networking et ateliers où on pouvait discuter entre participants, la difficulté de transmettre la bonne information au bon moment revenue. Par exemple, dans la zone des trois frontières sahéliennes, constituées du Burkina Faso, du Mali et du Niger, on se rend compte qu’il est très difficile de trouver une PME dans laquelle investir dans l’impact en général. C’est une expérience partagée par un des représentants pays de I&P (fonds d’investissement à impact basé dans plusieurs pays africains) lorsqu’il s’intéresse à des entreprises qui ne sont au stade de développement ou changement d’échelle. La non-formalisation des PME et leur manque de structure explique pour la plus grande partie cette difficulté de trouver des partenaires. 

On observe ainsi que malgré toutes les opportunités et besoins cités plus, haut, beaucoup de capitaux « dorment » dans les caisses des investisseurs. L’utilisation des ODD comme levier marketing pour la promotion des activités, chez tous les acteurs, a beaucoup changé la donne. Durant l’atelier organisé par Fair et le GSG, on se rend compte que de nouveaux outils, politiques et véhicules financiers que d’autres pays ont déployés ou sont en train de déployer pour augmenter le flux de capitaux vers les ODD. L’utilisation des ODD en communication s’élève à plus de 22 000 fois en se référençant à l’Afrique depuis le lancement de ces derniers.  Cela permet de rebondir sur le phénomène du Greenwashing et le Sustainability washing, cette technique commerciale visant à utiliser des arguments de durabilité marketing à tort dans le but d’attirer des clients ou financement impact. 

Enfin, un des défis relevés par les participants des panels est la difficulté pour les femmes d’accéder aux financements à impact en Afrique. Une des raisons est que les produits proposés ne sont pas toujours adaptés aux activités et PME dirigées par les femmes. La Microfinance cible en particulier la population féminine, mais les montants des financements octroyés restent largement inférieurs à celui des hommes. C’était un des enjeux abordés lors de la conversation entre James Mwangi – CEO, Equity Bank et Ibukun Awosika – Chair, Nigeria NAB où cette dernière expliquait que les produits adressés aux bénéficiaires et clientes féminines restent la meilleure solution pour augmenter leur capacité de lever des fonds et par la même occasion leur solvabilité et épargne en banque. Investir dans les produits axés genre facilite ainsi la création de richesse dans les communautés locales et par conséquent un impact environnement et social accru. Il est essentiel de ne pas réfléchir et investir avec le prisme de la charité comme le font beaucoup d’ONG et fondations en Afrique, mais plutôt dans une perspective de développement.

Il est indéniable que le financement à impact en Afrique est en constante évolution et est appelé à jouer un rôle de plus en plus important dans le développement économique et social du continent.

Les investisseurs à impact en Afrique ont la possibilité de combiner l’impact social ou environnemental positif avec des rendements financiers attractifs, en investissant dans des entreprises et des projets qui contribuent au développement durable de l’Afrique.

Les gouvernements, les organisations de la société civile et les investisseurs à impact doivent continuer à travailler ensemble pour créer un écosystème propice à l’investissement à impact en Afrique, en développant des politiques, des cadres juridiques et des normes qui favorisent l’investissement à impact.

La Côte d’Ivoire, pays d’accueil de ce sommet, est un bel exemple de la puissance de l’Impact Investing, lorsque tous les acteurs travaillent en symbiose pour le développement socio-économique. Il existe de nombreuses opportunités de financement à impact en Côte d’Ivoire, notamment dans les domaines de l’agriculture durable, des énergies renouvelables, de l’inclusion financière, de la santé et de l’éducation. Ces secteurs offrent des perspectives de croissance économique et de développement social pour le pays, tout en répondant aux défis environnementaux et sociaux auxquels il est confronté. Le gouvernement ivoirien a également montré un engagement à promouvoir la finance à impact en mettant en place des réglementations favorables pour les investisseurs, ainsi que des incitations fiscales pour encourager les investissements dans les projets à impact. De plus, le pays bénéficie d’un environnement économique stable et d’un marché financier bien développé, offrant des opportunités d’investissement attractives pour les investisseurs à impact. 

Durant son discours à la plénière d’ouverture de la journée « Joining forces », Madame Belmonde Dogo Ministre des Solidarités et de la Lutte contre la Pauvreté de Côte d’Ivoire, rappelait que « La réalisation des ODD nécessite le soutien constant des acteurs du secteur public et du secteur privé. À cet effet, pour mobiliser des capitaux et conduire une croissance inclusive et durable en Afrique, il faudra une synergie d’actions de toutes les parties prenantes afin de créer un cadre institutionnel pour la promotion de cette thématique. » Pour illustrer ses propos, elle a notamment souligné le pouvoir déterminant des groupes AVEC, à majorité féminins, grâce auxquels les populations en zones rurales s’organisent et se senstructurer pour développer des activités génératrices de revenus pérennes, épargner et ainsi améliorer leur conditions et niveau de vie. Les institutions de Microfinance sociale comme celles que nous soutenons jouent un rôle décisif pour les AVEC en leur apportant des solutions de crédits de groupe pour soutenir leur développement.

Article rédigé par Mme Rahila Rahimou Adamou

SOURCES 

https://www.proparco.fr/fr/le-secteur-prive-dans-les-pays-fragiles-quel-est-le-role-des-dfi

https://thegiin.org/research-and-opinions/

https://www.finance-fair.org/fr/barometre-de-la-finance-solidaire

wp302-ferdi-lost-in-impact-une-nouvelle-cartographie-pour-les-aventuriers-du.pdf https://thegiin.org/assets/160620_01Regional_GIIN_westafrica_FRANCAIS_spreads.pdf