Du 17 au 20 octobre 2022 se tenait la 3ᵉ édition du sommet International Finance en Commun. C’était une première en Afrique, de rassembler autant de décideurs politiques, des investisseurs, des banquiers, des institutions financières et des experts du développement durable pour discuter des défis et des opportunités liés au financement de la transition verte et inclusive en Afrique. Cela a été une occasion pour nous d’échanger avec les acteurs de l’Impact Investing et de revenir par la même occasion sur les enjeux liés à ce secteur en essor dans le monde et surtout sur le continent. Après tout, MicroFinance Solidaire est un investisseur à Impact, depuis sa création en 2010 et d’autant plus aujourd’hui dans la perspective de notre plan de développement 2023-2026 pour développer nos partenariats en Afrique. Ce développement d’affaires va bien entendu avec une levée de fonds pour soutenir nos objectifs et ambitions.
Le sommet Finance en Commun est une succession de conférences coorganisées par deux des principales banques multilatérales de développement (BMD), la Banque Africaine de Développement (BAD) et la Banque Européenne d’Investissement (BEI). Les discussions ont porté sur une variété de sujets, notamment la mobilisation de financements publics et privés pour soutenir la transition verte et inclusive en Afrique, la mise en place de cadres réglementaires pour promouvoir les investissements durables, et la collaboration entre les secteurs public et privé pour accélérer la transition. Les participants ont également examiné des exemples de projets à impact en Afrique, tels que les énergies renouvelables, la gestion des déchets, l’agriculture durable et l’accès à l’eau potable
En marge du sommet, nous avons participé à une série d’ateliers et conférences organisés par Fair, GSG et l’AFD sur le thème : ‘Joining forces: growing impact in Africa & beyond’ le 18 octobre. D’un point de vue pratique, cet évènement qui s’est déroulé en amont du sommet principale nous a permis d’échanger dans un cadre plus intimiste sur des solutions concrètes pour financer les objectifs de développement durable (ODD).
Cet article reviendra ainsi sur une présentation du Financement à Impact en Afrique, dans le contexte du sommet Finance en Commun, une troisième édition axée sur les enjeux africains de l’« impact investing ».
De Gauche à droite, J.Afetor (Directeur IMF Assilassimé Togo) F. Renaudin (Fondateur Entrepreneurs du Monde) Levasseur ( La SIDI), Ouedraogo (Directeur IMF,UBTEC Burkina Faso), R. Rahimou (Chargée d’investissement Microfinancec Solidaire)
- Financement à Impact en Afrique : état des lieux
L’impact investing, ou financement à impact, est une forme d’investissement qui vise à générer un impact social et environnemental positif, en plus d’un rendement financier modéré. Les taux de rendement ont tendance à baisser et à se fixer entre le taux du marché et légèrement en dessous, habituellement entre 13% et 17% contre des attentes de 20% à 23%. En Afrique, le marché de l’impact investing est en pleine croissance, en raison des nombreux besoins de financement dans des secteurs clés tels que l’agriculture, l’éducation, la santé, les énergies renouvelables et l’inclusion financière. Aujourd’hui, de nombreux acteurs sont impliqués dans le financement à impact en Afrique. Parmi eux, on trouve des investisseurs institutionnels, des fondations, des family offices, des investisseurs individuels et des gouvernements. Les investisseurs peuvent investir directement dans des projets à impact en Afrique ou à travers des fonds d’investissement à impact qui sont dédiés à la région. Les fonds d’investissement à impact en Afrique sont généralement gérés par des sociétés de gestion d’actifs spécialisées dans l’investissement à impact.
- Les caractéristiques du marché africain de l’impact investing
Le marché de l’impact investing en Afrique est encore en développement, mais il est en constante croissance. En effet, selon le rapport “Africain Investing for Impact Barometer” publié en 2021, le marché de l’investissement à impact en Afrique a atteint 2,1 milliards de dollars en 2020, enregistrant une augmentation de 43 % par rapport à l’année précédente. Ce type d’investissement est de plus en plus populaire dans le monde entier, y compris en Afrique. Le marché africain de l’impact investing est en plein essor. Selon le Global Impact Investing Network (GIIN), l’investissement à impact en Afrique a augmenté de façon spectaculaire ces dernières années, passant de 2,3 milliards de dollars en 2015 à 8,2 milliards de dollars en 2019. Depuis 2020, malgré la pandémie de COVID-19, le marché de l’impact investing en Afrique a continué de croître.
Les caractéristiques du marché africain de l’impact investing sont les suivantes :
- Le marché africain de l’impact investing est relativement jeune, mais en croissance rapide. Il est composé d’investisseurs institutionnels, de fondations, de family offices, d’investisseurs individuels et de fonds de capital-risque, qui investissent dans des entreprises à impact social et/ou environnemental.
- Les investisseurs à impact en Afrique ont tendance à se concentrer sur des secteurs tels que l’énergie renouvelable, l’agriculture durable, la santé, l’éducation, la finance inclusive et les technologies de l’information et de la communication (TIC).
- Les projets financés par les investisseurs à impact en Afrique sont souvent des entreprises sociales ou des startups qui ont un impact positif sur les communautés locales et/ou l’environnement.
Enfin, il convient de noter que les investissements à impact en Afrique ne sont pas sans risques. Les investisseurs à impact doivent faire face à des risques politiques, réglementaires, économiques et sociaux, ainsi qu’à des risques propres au secteur ou au projet en question. Néanmoins, le financement à impact en Afrique offre de grandes opportunités pour les investisseurs à impact qui cherchent à réaliser un impact social ou environnemental positif tout en obtenant un rendement financier.
- Les acteurs impliqués dans le financement, l’impact investing en Afrique
Les acteurs impliqués dans le financement à impact en Afrique sont divers, notamment les investisseurs à impact, les entrepreneurs sociaux, les organisations de soutien à l’entrepreneuriat social, les ONG, les gouvernements et les bailleurs de fonds internationaux. Les investisseurs à impact en Afrique ont également créé des réseaux pour partager des connaissances, des bonnes pratiques et des opportunités d’investissement, telles que l’African Venture Philanthropy Alliance et l’African Impact Investing Network.
- Les investisseurs sont l’un des acteurs clés du financement à impact en Afrique. Ils peuvent être des investisseurs institutionnels, tels que des fonds de pension et des fonds souverains, ou des investisseurs privés, tels que des family offices et des philanthropes. Les investisseurs à impact sont des investisseurs qui cherchent à obtenir des rendements financiers tout en ayant un impact social et environnemental positif. Ils peuvent investir directement dans des entreprises sociales ou des projets à impact, ou à travers des fonds d’investissement à impact.
- Les institutions financières sont également des acteurs importants du financement à impact en Afrique. Les banques, les fonds d’investissement, les coopératives de crédit et les institutions de microfinance peuvent tous jouer un rôle dans le financement de projets à impact social et environnemental positif. Ces institutions peuvent offrir des prêts, des garanties et des investissements en capitaux propres à des entreprises sociales et des projets à impact.
- Les gouvernements ont pareillement un rôle clé à jouer dans le financement à impact en Afrique. Les gouvernements peuvent fournir des incitations fiscales et réglementaires pour encourager les investissements dans des projets à impact social et environnemental positif. Ils peuvent ainsi jouer un rôle en fournissant des subventions et des financements de contrepartie pour aider à mobiliser des capitaux pour des projets à impact.
- Les organisations de la société civile, telles que les ONG et les associations locales, peuvent par ailleurs jouer un rôle important dans la promotion et la mise en œuvre de projets à impact social et environnemental positif. Ces organisations peuvent aider à identifier les besoins locaux et les solutions innovantes, travailler en partenariat avec les investisseurs et les entreprises pour concevoir et mettre en œuvre des projets à impact, et assurer la participation active des communautés locales tout au long du processus.
- Les entreprises sociales et les entrepreneurs sont ainsi des acteurs clés du financement à impact en Afrique. Ces entreprises ont pour objectif de créer un impact social et environnemental positif tout en étant financièrement viables. Elles peuvent fournir des services tels que l’énergie renouvelable, l’agriculture durable, la santé et l’éducation, tout en créant des emplois et en stimulant le développement économique local.
- Les communautés locales sont de plus des acteurs importants du financement à impact en Afrique. Les projets à impact social et environnemental positif doivent être conçus en collaboration avec les communautés locales, en tenant compte de leurs besoins et de leurs priorités. Les communautés locales doivent être informées et consultées tout au long du processus de conception et de mise en œuvre des projets, afin de garantir leur participation active et leur soutien. Il ne faut oublier non plus, l’importance de la participation de la société civile et des communautés locales dans la conception et la mise en œuvre de projets à impact, pour assurer qu’ils répondent réellement aux besoins et aux priorités des populations africaines.
En définitive, le financement à impact en Afrique implique une variété d’acteurs qui travaillent ensemble pour créer un impact social
Retour d’expérience Finance en Commun
La conférence « Joining forces » du 18 octobre, a mis en évidence l’importance de la collaboration entre les différents acteurs du financement pour le développement durable, y compris les gouvernements, les institutions financières internationales, les investisseurs privés et la société civile. Le panel sur le thème : « Mobiliser des capitaux pour lever les obstacles au financement des PME et favoriser une croissance inclusive » fait état de 4,5 millions d’euros de capitaux disponible pour le financement à impact en Afrique.
L’importance de la finance à impact pour aider à répondre aux besoins de financement en matière de développement durable en Afrique, en investissant dans des projets qui ont un impact social et environnemental positif est évidente. Lors de ce panel ; les participants ont discuté de plusieurs thèmes clés, tels que la promotion de l’inclusion financière, l’investissement dans les infrastructures durables, l’adaptation aux changements climatiques et la mobilisation des ressources domestiques. La conférence a également permis de mettre en avant l’importance du développement d’un écosystème favorable à la finance à impact en Afrique, en incluant des réglementations favorables, des systèmes de mesure d’impact fiables, ainsi que des partenariats public-privé efficaces.
L’impact est atteint lorsque les financements sont accessibles au plus grand nombre, avec des infrastructures facilitant le travail des petites et moyennes entreprises (PME) qui financent et bâtissent l’inclusion sociale, débloquant l’accès au financement (comme les Microfinances et les structures d’accès à l’énergie). L’exemple de la DER, une délégation dédiée à l’entrepreneuriat des jeunes au Sénégal, œuvre pour établir un pont entre les organisations sur le terrain et l’Etat a été présenté par Mame Aby Seya, la déléguée générale et panéliste. En fait, un lien solide et durable entre le public et le privé est essentiel pour parvenir à l’inclusion financière qui passe par l’accès au financement des PME. Les gouvernements ont une grande part de responsabilité pour inclure lesdites PME dans la construction et le développement des gros projets étatiques, là où seuls les grands groupes (souvent internationaux d’origine) restent les seuls acteurs fiables qui remportent les appels d’offres. La solution que propose un des panels, serait l’appui technique, en plus du support financier que peuvent apporter les DFI dans le secteur privé des pays fragiles. Les PME représentent certes un risque plus important, pour le mitiger, il faut se baser sur les opportunités sur le long terme et penser à d’autres véhicules d’investissement comme les prises de participation dans les capitaux en plus de la dette.